Le numéro 77 est sorti

2-3.  L’édito du rédac chef
4.  Le billet du Président
5.  Lisbonne 2018 :
Où en est-on ?
6-9.  Le Portugal à l’Eurovision, 53 ans d’amours contrariés
10-12.  France Gall éternelle poupée de cire et de son de l’Eurovision
DESTINATION EUROVISION 2018
13.  Votes et Résultats
14-27.  Destination Eurovision 2018, la France dans la cour des grands
28-39.  Destination Eurovision 2018, le débrief des eurofans

Image à la une : Madame Monsieur @ Farouk Vallette

L’édito du Coco 77

« Tu fais quoi ce soir ? », « Je regarde la demi-finale française ». Ce dialogue improbable entre deux eurofans était encore de la science-fiction il y a quelques mois. Mais grâce aux efforts conjugués de France 2 et d’ITV Studios France il est devenu réalité en ce mois de janvier 2018. Le résultat a été au-delà de nos espérances. D’abord par le choix des chansons, pour la plupart actuelles et pour certaines avec un potentiel Eurovision indéniable; ensuite par le choix des artistes, certains ayant un univers artistique fort, une personnalité et de l’expérience; enfin grâce à une réalisation qu’on avait peine à imaginer sur le service public ou sur une quelconque chaine française et qui vient démontrer, à ceux qui en doutaient, que la France est prête à organiser le Concours et qu’elle n’aura pas besoin d’être aidée dans cette tâche.
En définitive nous avons assisté à deux demi-finales fabuleuses et à une finale éblouissante. Certains vont sans doute formuler quelques critiques ça et là. Normal, on est en France le pays où la critique est un sport national. Pour ma part je n’en n’ai pas envie tant j’ai adoré cette aventure Destination Eurovision. En effet le spectacle qui nous a été proposé fut brillant et c’est ça qui compte. Les équipes qui se sont attelées à ce projet proposé par Matthieu Grelier à France Télévisions ont fait un travail remarquable et je tiens à les féliciter ainsi que tous ceux qui ont contribué à cette aventure.
Ils étaient 18 candidats retenus pour postuler à la victoire, et c’est finalement un duo, Madame Monsieur, qui nous représentera à Lisbonne avec une chanson évoquant l’histoire d’une petite fille née sur un bateau de migrants au milieu de la Méditerranée et prénommée « Mercy ». Evoquer dans une chanson un sujet humaniste mais très polémique depuis plusieurs mois en France comme en Europe était compliqué. Mais Emilie et Jean-Karl ont su le faire avec intelligence, sensibilité et générosité sans en faire trop dans l’émotion. Un juste dosage pour une chanson très actuelle dans sa musicalité et représentative de ce qui se fait sur la scène musicale française.
Que les autres candidats ne voient pas cette aventure comme une fin mais plutôt comme un début ou une suite de leur carrière. Ils ont tous prouvé qu’ils avaient du talent. Lisandro, Malo’, Emmy, Igit, Nassi, Max et Louka, mais aussi tous ceux que nous avons découvert en demi-finale, nous ont tous proposé des titres forts et agréables. Ça ne doit pas, ça ne mérite pas de s’arrêter là et on espère que ces titres vont continuer leur chemin, que les radios les diffuseront et que les gens les écouteront.
On a besoin de ce type de programme proposant des titres inédits en prime time. Il ne faut pas nous contenter d’émissions ressassant les covers des tubes passés. Est-ce que ce n’est pas lassant de voir le « Hallelujah » de Léonard Cohen rabâché à toutes les sauces, ou de regarder Images nous rechanter pour la dix-millième fois « Les démons de minuit » ? C’est pourquoi l’initiative de France 2 doit être poursuivie. Même si les audiences n’ont peut-être pas été à la hauteur des espérances de la chaine, le programme doit continuer et s’installer auprès du public qui doit retrouver cette curiosité musicale que la plupart des programmes de variétés actuels ont fait disparaître petit à petit à force de matraquage de toutes ces anciennes chansons qu’on connaît par cœur.
On avait tout à craindre d’une sélection française. On a fini totalement rassurés. L’organisation de l’évènement fut pratiquement parfaite du début à la fin et surtout très professionnelle dans la forme comme pour le fond. Les équipes de France 2 et d’ITV Studios France ont acquis tout au long de cette aventure un savoir-faire qu’elles sauront développer et enrichir pour l’an prochain. Quant aux eurofans français et européens, ils ont vécu tout au long du mois de janvier au rythme de l’évènement. On attend déjà avec impatience Destination Eurovision 2019.

Image à la une : Madame Monsieur sur la scène de Destination Eurovision © Farouk Vallette

Le numéro 76 est sorti

Sommaire :

2-3.  L’édito du rédac chef
4.  Le billet du Président
4.  Lisboa 2018 est bien lancé
5.  Marie Myriam, 40 ans déjà !
EUROVISION 2017
6-7.  Mais qui est donc le mystérieux (et talentueux) Mister Sobral ?
8-19.  Kiev 2017, le débrief des eurofans
20-26.  Les Tops et les Flops
27.  Eurovision 2017, les tableaux des points
28-33.  L’aventure d’Alma à l’Eurovision 2017
34-36.  Les réactions des médias français
36. Du côté du Portugal …
37-39.  Les choristes, encore un Eurovision !
39. Et l’Asiavision ?

Image à la une : Sergey Stepanov (SunStroke Project, Moldavie) © Farouk Vallette

L’édito du Coco 76

Trois mois après la Finale, je me revois encore dans le centre de presse regardant avec incrédulité l’écran au moment des votes et voyant le Portugal filer vers la victoire. Une victoire que je ne comprends pas et qui reste à ce jour toujours un mystère pour moi. Pour autant, je ne m’en formalise pas contrairement à certains de mes camarades qui ont jeté leur écran de télévision par-dessus leur balcon en maudissant l’Eurovision, jurant que plus jamais ils ne s’intéresseraient à ce concours ringard qu’ils ont promis de ne plus regarder.
Certes, je suis un peu triste pour mon chouchou, l’Italien Francesco Gabbani, qui aurait fait un gagnant fantastique. Cette amertume s’est accompagnée de contrariété pendant la conférence de presse du gagnant. Face à moi, il y avait un Salvador Sobral dont j’essayais désespérément de faire une photo convenable et qui, entre grimaces et réflexions indigestes, me désespérait. Mes photos étaient toutes ratées. Sûr qu’avec Francesco, la conférence de presse aurait été mémorable et que j’aurais eu du mal à choisir quelques clichés parmi la centaine de bonnes photos que j’aurais prises de lui pour garnir ce magazine.
Mais cette déception est compensée par des larmes. Les larmes de mon camarade Dalécio et des Portugais présents sur place. Des larmes de joie et de bonheur. Cinquante ans qu’ils en rêvaient. Pour la première fois un artiste portugais a ramené le trophée du côté de Lisbonne. Oui, nos amis Portugais méritent cette victoire. Pour leur patience. Pour leur ténacité. Pour toutes les couleuvres qu’ils ont dû avaler depuis qu’ils participent à l’Eurovision. Je les revois encore pendant toutes ces années, portant fièrement des chemises aux couleurs de leur pays, leurs drapeaux à la main, se préparer pour ces demi-finales d’où leur représentant ressortait la plupart du temps en charpie. Alors j’ai félicité Dalécio et je lui ai fait la bise, car j’étais très sincèrement content pour lui.
Par contre, je suis bien triste pour Alma. Et j’en veux aux jurys. Heureusement que le public a apprécié la belle prestation de notre représentante. Mais franchement, c’est rageant de ne pas être dans un Top 10 où nous avions notre place. 12ème c’est cependant un résultat honorable. Après la 6ème place d’Amir, la France se maintient. Quand je vois nos voisins Allemands ou Espagnols, je me dis que l’Eurovision est parfois bien cruel et qu’une 12ème place est toujours bon à prendre.
Il paraît que l’an prochain on fera en France une sélection nationale. Ça ne m’emballe pas car ça me rappelle de mauvais souvenirs. Et puis je me méfie du public français, aux goûts si particuliers et parfois aux antipodes de ce que les Européens apprécient, et des jurys professionnels français qui, s’ils ne connaissent pas bien les mécanismes du concours, sont capables d’encenser un Manel Navarro français. C’est pourquoi je soutiens l’idée de demander leur avis à des jurys internationaux. Cette inquiétude est sans doute prématurée. Attendons de voir ce que ça va donner.
Ce concours 2017 ne devrait pas rester dans les mémoires. Peut-être se souviendra-t-on de la victoire de Salvador Sobral, ce chanteur fragile et tourmenté, mais probablement pas de sa chanson dont il est impossible de fredonner l’air. Après la tornade Conchita et le succès de Måns, le concours est retombé comme un soufflé avec Jamala et Salvador Sobral dont les chansons n’ont pas rempli les playlists des radios européennes (sauf bien sûr dans leur pays et éventuellemnt dans les états voisins).
L’an prochain, l’Eurovision va planter son chapiteau à deux pas de l’océan Atlantique, sur les rives du Tage, dans un pays ensoleillé qui me fera oublier Kiev et ses flocons de neige. Alors vive Lisboa 2018 pour me consoler de Kiyv 2017 !
Je ne peux terminer cet édito sans vous faire remarquer que le Coco a pris du muscle cet été. Il passe en format A4. Un format qui est l’apanage des grands magazines dont il fait désormais incontestablement partie. « Il prend le melon, Farouk ? ». Ben oui …

A la une : La joie des Portugais dans le centre de Presse © Farouk Vallette

Le numéro 75 est sorti

Sommaire
p.3 : L’édito du rédac chef
p.4 : Sommaire
pp.4-5 : Les Hauts-Vision
pp.6-7 : Quand Eurovision rime avec Histoire
p.7 : Le billet du Président
pp.8-10 & 12-13 : La route de Kiev n’est pas un long fleuve tranquille
p.11 : Bienvenue au Melodifestivalen 2017

pp.14-25 : Paris, Londres, Amsterdam, Au coeur des meetings Eurovision d’avant-concours
p.18 : London Eurovision Party, un fabuleux meeting à 2h de Paris
pp.26-27 : Les médias français se passionnent pour l’Eurovision
p.28 : Quand « Le Figaro » suit l’Eurovision
pp.29-47 : Les 42 participants du Concours Eurovision 2017
pp.48-55 : Les paroles des 42 chansons

L’édito du Coco 75

Au moment où vous recevez ce Cocoricovision n°75, il reste une petite vingtaine de jours avant la grande finale du concours Eurovision 2017 et tout le monde se pose la question : qui peut battre l’Italien Francesco Gabbani? L’engouement du public et des médias pour « Occidentali’s Karma » atteint des sommets. Le clip va franchir les 100 millions de vues sur Youtube, ce qui est inédit pour une chanson qui doit participer à l’Eurovision, et la presse s’arrache l’Italien au sourire ravageur. La victoire de Francesco semble évidente d’abord parce qu’aucun autre titre ne sort du lot pour rivaliser avec la chanson italienne. Mais aussi parce qu’on imagine mal les jurés professionnels, qui dans un délire élitiste s’étaient acharnés sur Il Volo en 2015 et Sergey Lazarev en 2016, rééditer leur exploit cette année. Ils en sortiraient complètement déconsidérés.
Mais, à l’Eurovision, on n’est jamais à l’abri d’une surprise. Selon les dix premiers votes du réseau OGAE, derrière Francesco, on trouve dans un mouchoir de poche quatre titres. D’abord la Belgique, dont la chanson hyper actuelle apporte au concours une touche de fraîcheur et de modernité. Mais la jeunesse de Blanche, 17 ans, peu habituée à la scène, est considérée par certains médias comme un inconvénient. Ensuite il y a, comme d’habitude, la Suède. C’est pro et calibré pour le concours avec un style « Justin Timberlake » assumé. Mais où sont la fantaisie et l’authenticité dans une prestation certes brillante mais froide ? Il y a aussi l’Estonie avec un titre qui fleure bon les années 80 et porté par deux belles voix et deux physiques, mais qui pourrait aussi être considéré comme trop populaire par des jurys dont on sait qu’ils adorent aller aux antipodes des goûts du public. Et puis il y a la France. Avant d’évoquer celle qui défendra nos couleurs à Kiev, citons aussi les deux OVNI qui pourraient créer la surprise : le titre langoureux et intemporel du Portugais Salvador Sobral et la chanson décalée mixant hip-hop et musiques gypso-ethniques du Hongrois Joci Pápai.
Alma, le charme français, les toits de Paris et une ritournelle qui se retient sont les atouts incontestables d’une chanson, « Requiem », qui plaît à tous, puisque les dix premiers jurys du réseau OGAE lui ont tous donné des points. Certes il y a encore des incertitudes puisque nous ne savons rien encore tant de la mise en scène et du visuel que de la capacité d’Alma à dompter la scène. Mais nous sommes en droit d’être optimistes.
Avec Alma, et après Amir, « La France est de retour », nous ont dit beaucoup d’Européens croisés à Londres et Amsterdam. Et ils en sont heureux, tant tous ceux qui gravitent dans le petit monde de l’Eurovision aimeraient, quarante ans après la dernière victoire française au concours, pouvoir enfin vivre un Eurovision dans « la belle et douce France ». Marie Myriam, qui fête le quarantième anniversaire de sa victoire à Londres, a elle aussi à cœur de voir une jeune et brillante artiste française soulever le trophée.

Nazim Khaled, le co-pilote d’Alma (France 2017) et d’Amir (France 2016)

Le nom de Nazim Khaled commence à être connu du petit monde de l’Eurovision. En effet Nazim a écrit et composé pour Alma « Requiem » après avoir réalisé « J’ai cherché » pour Amir. Faisons connaissance avec Nazim, jeune artiste très proche d’Alma et d’Amir.

Nazim Khaled est âgé de trente ans. Il est originaire de Saint-Etienne où il retourne souvent car il est très attaché à cette ville où il a grandi, mais aussi parce que c’est un fervent supporter de l’ASSE, le club de football stéphanois.
Chanteur, mais aussi guitariste et pianiste, il se fait connaître en 2011, sous le nom de Nazim Hitch, en participant à « Je veux signer chez AZ », un casting musical organisé sur le réseau social Facebook. Il ne gagne pas mais il se fait remarquer notamment pour ses talents d’écriture et de composition, et il intègre le label Mercury. La liste de ses collaborations comme auteur et/ou compositeur est impressionnante. On citera notamment (pardon Nazim mais il y en a tant) Kendji  Girac (sur ses deux albums, il a participé à l’écriture et la composition de, entre autres, « Andalouse » et « C’est trop »), Yannick Noah, ou Claudio Capéo.
On n’oublie pas évidemment sa participation à l’album d’Amir « Au cœur de moi » dont il a co-écrit et co-composé pratiquement tous les titres dont « J’ai cherché ». Il était d’ailleurs présent à Stockholm pour le concours 2016. Sa relation avec Amir qui a débuté en 2014 est plus que professionnelle et une grande amitié est née avec celui qu’il appelle son frérot. Quand ils ont commencé à travailler ensemble il n’y avait pas de maison de disques derrière et cet album a mis un an à se faire. Plus d’une année de travail mais aussi de bons moments immortalisés bien souvent par des selfies publiés sur leur page Facebook respective et qui s’est terminée en apothéose avec l’Eurovision et le grand succès populaire de l’album.
Mais Nazim reste avant tout un chanteur. Et quand il lui reste du temps il compose et il écrit aussi pour lui. Il a réalisé notamment un single « Les cités » en 2013. Il a fait aussi les premières parties des concerts de Yannick Noah et Claudio Capéo bien sûr, mais aussi de Ben l’Oncle Soul, Goran Bregović et Cali.
Il collabore avec Alma depuis plusieurs années et la chanson « Requiem » a été composée en octobre 2014, une période où ils ont commencé à travailler ensemble. Il s’est d’ailleurs déclaré très ému lors la signature d’Alma chez Warner Music en avril 2015. Il a écrit et co-composé le premier single d’Alma « La chute est lente », un très joli titre sorti en juin 2016.

Image à la une : Nazim & Amir à Stockholm (Mai 2016) © Farouk Vallette

L’interview d’Alma (France 2017)

Bonjour Alma.
Peux-tu te présenter, nous dire qui tu es, où tu as grandi et quand tu as commencé à chanter ?
Je m’appelle Alma, j’ai 28 ans et j’ai grandi entre la France et les Etats-Unis. Ensuite j’ai voyagé au Brésil pour mes études, pendant un an à Sao Polo, puis j’ai travaillé un an à Milan, et ensuite un an à Bruxelles, et je suis revenue vivre à Paris il y a quatre ans pour me lancer dans la musique.
J’ai commencé à chanter jeune, car depuis toute petite j’aime ça, mais je ne me disais pas que j’en ferais mon métier. D’ailleurs ma famille n’est pas du tout dans la musique. Donc je ne savais pas trop comment accéder à ce métier. Et finalement j’ai tout lâché il y a bientôt cinq ans et je me suis inscrite dans une école de chant dans un cursus d’auteur-compositeur, à Paris. Et à partir de là je me suis dit : « On y va ! ». J’ai rencontré des gens qui m’ont ouvert des portes, et qui m’ont amenée là où je suis aujourd’hui.
Tu faisais quel type d’études ?
Des études de commerce.
Quelles sont tes influences musicales et comment définirais-tu le style et l’univers d’Alma ?
J’ai beaucoup d’influences musicales, mais ce qui m’inspire quand j’écris c’est ce qui se passe dans ma vie, et les moments que je vis. Après j’aime beaucoup la variété française. J’aime beaucoup Michel Berger, Véronique Sanson, France Gall, par exemple. Et grâce à mes voyages et à mes rencontres j’essaye de mélanger la variété française avec des influences un peu plus pop des Etats-Unis, ou un peu orientales grâce à ma rencontre avec Nazim. C’est très intéressant de mélanger les genres. C’est de quoi les gens se nourrissent finalement.
Tu chantes seulement en français, ou en anglais, ou dans d’autres langues ?
Pour l’instant je ne chante qu’en français, mais j’ai commencé la chanson en écrivant des chansons en anglais.
A l’ère de l’internet dominant, de youtube et des réseaux sociaux, comment une jeune chanteuse peut arriver à percer ?
Evidemment il faut avoir l’envie, le talent et la détermination. C’est un travail de longue haleine pour arriver à se faire connaître. Mais c’est aussi un peu aléatoire. Et il faut arriver à durer. On peut faire un buzz sur internet. C’est super, il y a 1 million de vues. Et puis il ne se passe pas grand-chose de plus après. Mais je crois qu’il faut voir aussi internet comme un outil. Ça permet de rencontrer les gens, de leur parler, d’échanger. On te donne des idées. On te fait des suggestions.  Ça crée un mini mais aussi un vrai public. Et ça peut être un très bon moyen de se lancer dans la chanson. Au final il n’y a pas de chemin tout tracé dans ce métier.
Quelles sont les rencontres qui ont été importantes pour toi dans ton parcours et qui t’ont fait évoluer?
La première rencontre qui est très importante est celle d’Edoardo Grassi. Il y a deux ou trois ans il m’a contacté pour faire une émission de télé qui s’appelait « Les chansons d’abord ». C’est grâce à ça que j’ai rencontré Nazim sur ce plateau de télé, et avec qui j’ai fait tout l’album et qui a écrit la chanson « Requiem ». Ensuite c’est lui qui m’a ouvert les portes de ce milieu. Il m’a amené chez Warner où j’ai rencontré Benjamin Marciano et j’ai fait mon contrat avec eux. Ce sont les deux personnes qui m’ont mis le pied à l’étrier.
Le premier album est annoncé. Il sortira quand ? Avec qui as-tu collaboré sur cet album ?
L’album doit sortir le 5 mai. J’ai collaboré avec Nazim sur presque toutes les chansons mais j’ai aussi collaboré avec un monsieur qui s’appelle David Gategno (NDLR : alias David Marouani, connu pour être l’un des deux membres du duo David & Jonathan, qui a eu beaucoup de succès dans la seconde moitié des années 80) qui a écrit une superbe chanson « Après l’aurore ». J’ai collaboré aussi avec Pierre Jaconelli qui a écrit pour Johnny Hallyday (NDLR : C’est un guitariste, compositeur, réalisateur et producteur musical français qui a travaillé avec tous les grands noms de la chanson française dont Patricia Kaas), avec Renaud Rebillaud qui a travaillé avec Maître Gims (NDLR : Renaud Rebillaud a co-écrit pratiquement tous les titres des deux albums de Maître Gims). Il y a vraiment un melting pot de gens qui ont su m’entourer et qui ont su comprendre mon univers. Du coup ça donne un album très varié et chaque chanson est un mini-univers au sein d’un univers plus grand.
Quel est ton rapport à la scène et au live ?
J’adore ça. C’est un moment magique. Les premières parties d’Amir ont été une découverte pour moi parce que les scènes que j’avais faites avant étaient des petites scènes et parfois même des bars où tout n’était pas très bien organisé. Et là d’avoir des techniciens, pour le son, pour la réverb, ou pour les lumières, c’est un luxe pas possible. Et j’ai découvert le plaisir de chanter pour beaucoup de gens, c’était et c’est toujours vraiment bien.
Parlons de « Requiem ». Le single est sorti le 13 janvier 2016 aux éditions Bukowski Publishing. Il a été écrit et composé par Nazim Khaled et mixé par We Are I.V. Le clip vidéo est en ligne depuis le 9 février.
Quand as-tu su que tu allais représenter la France à l’Eurovision avec ce titre ?
Je l’ai su début décembre quand France Télévision m’a appelé pour m’annoncer la bonne nouvelle.
Il a été écrit par Nazim Khaled qui a aussi écrit « J’ai cherché ». Comment s’est passée ta rencontre avec Nazim et comment avez-vous travaillé ensemble sur ce titre ? Continuez-vous à collaborer ?
Ma rencontre avec Nazim c’était il y a trois ans. Je n’ai pas participé à l’écriture du titre. C’est Nazim qui l’a écrit. Je me souviens, il m’avait envoyé un texto pour me dire « J’écris une chanson pour toi. J’hésite même à la garder pour moi, tellement je l’aime ». Le lendemain on s’est vu. Il m’a fait la chanson en guitare-voix, et j’ai trouvé ça magnifique et évidemment je la lui ai prise car je la voulais. Et ensuite on a travaillé avec les Skydancers. On a fini la chanson y’a un an je pense.
Quel est le message ou l’histoire que porte « Requiem » ?
Pour moi c’est une ode à la vie. On est tous mortel et la vie passe vite, alors il faut profiter de chaque seconde, chaque instant. Tout va très vite et il y a trop de noirceur dans le monde, alors il faut qu’on trouve de la force en soi. Et moi ce que j’ai trouvé pour ne pas se laisser envahir par ça, c’est l’amour. Il faut aimer les gens, sa famille, et vivre des histoires d’amour.
L’accueil en France et surtout en Europe est bon voire très bon. La musicalité plait beaucoup notamment le côté un peu oriental de l’instrumental et le fait que ce titre soit dansant. Qu’est-ce que ça t’inspire ?
Je suis vraiment très touchée. Je ne m’attendais vraiment pas à ça. J’ai commencé à recevoir des messages de gens de Russie, d’Espagne, d’Italie, et même du Brésil ou de Colombie. C’est hallucinant la mobilisation qu’il y a derrière le clip et la chanson. Ça me rend vraiment très heureuse et ça me conforte dans la détermination que j’ai d’aller faire cette compétition avec cette chanson. Ça me donne des ailes.
Le titre devrait être retravaillé et remixé pour le concours. Quelles sont les modifications qui vont y être apportées par rapport à la version single qu’on entend actuellement en radio ?
On est en train de travailler sur la production, sur la réalisation du titre. Ça veut dire que ça ne sera pas complètement différent. Le titre devrait être un peu plus épique, plus Eurovision, disons plus grandiose. Et on pense à mettre une partie du refrain en anglais afin de toucher le plus grand nombre de spectateurs, afin qu’ils comprennent et qu’ils puissent identifier la chanson.
L’Eurovision c’est une aventure de trois mois non-stop avec beaucoup de pression médiatique, des interviews, des photos, des vidéos mais aussi beaucoup de contacts (autographes selfies et photos) avec le public, les eurofans et les supporters de la France, comment est-ce que tu te prépares à ce tourbillon médiatique ?
Comme ça ! J’apprends sur le vif. C’est vrai je n’ai pas beaucoup d’expérience encore, mais ça fait à peine dix jours que l’annonce a été faite. Je commence les interviews. Les gens commencent à me demander des petites photos. Il faut s’habituer et puis c’est un plaisir, un partage de petits moments qui sont très agréables. C’est aussi pour ça qu’on fait ce métier. C’est pour rencontrer les gens. On chante une chanson, on a trois minutes pour faire passer un message et les gens te jugent là-dessus et se font une idée de toi comme ça. Moi j’aime bien aussi expliquer le pourquoi du titre, de quoi ça parle. C’est intéressant de pouvoir communiquer avec les gens autour de ta chanson.
Il y a une grosse promo en France. Iras-tu aussi faire de la promotion à l’étranger ?
On va aller à Londres (London Eurovision party, le 2 avril) et à Amsterdam (Eurovision in Concert, le 8 avril).
Le 6 mai prochain tu fouleras la scène pour la première fois. Ce sera la première répétition. C’est toujours un moment très fort pour les artistes que ce premier contact avec la scène. A quoi penseras-tu lorsque tu y feras tes premiers pas ?
Je ne penserai sans doute pas à grand-chose si ce n’est de vivre ce moment-là.
La prestation est un package où chaque détail compte. Les costumes, la mise en scène, le visuel, la chorégraphie, le jeu des chanteurs et des éventuels danseurs ou choristes. Peux-tu nous donner quelques infos sur ce que toi et ton équipe envisagez de faire ?
Malheureusement je n’ai pas beaucoup d’informations à vous donner parce qu’on étudie actuellement tous les cas de figure pour être vraiment à fond le jour J afin que rien ne soit laissé au hasard. On essaye un peu de voir comment mettre tout ça ensemble et faire un très beau tableau, le plus beau tableau possible qu’on puisse imaginer pour représenter la France dans ce concours.
Amir a réalisé un parcours fantastique l’an passé, nous apportant une magnifique 6ème place, meilleur résultat depuis 2002. Qu’est-ce que toi tu vises comme résultat au concours ?
Quand on s’engage dans un concours c’est pour viser la plus haute place. Mais ce n’est pas moi qui vote. Je ne veux pas paraître prétentieuse mais on va tout faire pour être classé le mieux possible.
Est-ce que Amir t’as conseillé et donné de petits trucs ?
Les conseils qu’il m’a donné au début c’est de profiter de chaque instant qu’apporte cette aventure parce que c’est unique. Cette aventure est d’une incroyable envergure internationale. Les gens ont une passion pour l’Eurovision, partout, et c’est magnifique de faire partie de cette famille. Il m’a dit aussi de débrancher les réseaux sociaux pour ne pas voir ce qui s’y passe. Ce sont de très bons conseils que j’essaye de suivre.
Quelle image as-tu de l’Eurovision ? Regardes-tu le concours ? As-tu des souvenirs particuliers de soirées Eurovision ?
Mon meilleur souvenir c’est l’année dernière. J’étais avec mes deux meilleures amies, à Enghien-les-Bains. On était devant notre télé et quand Amir est passé on était toutes les trois debout à scruter l’écran et à profiter de la moindre seconde de sa prestation. J’ai aussi vécu des Eurovisions, c’était en Belgique, et dans les rues les gens étaient déguisés et je trouve ça super. C’est comme une coupe du monde. C’est dommage qu’en France on ne le vive pas comme ça. En France on n’était pas toujours au courant que ça se passait. Je suis contente qu’Amir ait complètement changé la donne et j’espère réunir le plus de monde possible derrière ça, pour que l’Eurovision devienne un évènement national comme dans les autres pays d’Europe.
Est-ce qu’il y a des chansons ou des artistes du concours qui t’ont marqués ? Lesquels ?
Marie Myriam, il y a quarante ans maintenant.  Céline Dion. C’était en 88 je crois, mon année de naissance et c’est une de mes idoles. Il y a eu France Gall aussi.
Et Conchita Wurst tu l’as suivie ?
Bien sûr. C’était très beau ce qui s’est passé.
As-tu déjà écouté des chansons de concurrents de cette année ? Est-ce que tu comptes le faire ?
Oui je compte le faire. J’ai déjà entendu la chanson de l’Italie, mais aussi celle de la Finlande, « Blackbird », qui est très belle d’ailleurs. Je remarque qu’il y a déjà pas mal de ballades. Donc je suis très heureuse de ne pas arriver avec une ballade parce que c’est difficile de se démarquer quand on a le même style de chanson. Je trouve en tout cas que les chansons sont modernes.
Quel est ton principal atout pour la compétition et ta petite faiblesse ?
Mon principal atout c’est ma détermination à suivre les pas d’Amir. J’ai vraiment envie que ça soit comme l’année dernière, mais encore mieux préparé et avec encore plus d’effervescence pour ce projet. Il y a une vraie dynamique et, à nous tous, on peut réussir à faire comme Amir l’année dernière. Un bon résultat.
Ma petite faiblesse, je pense que ça pourrait être le stress du live, parce qu’Amir avait quand même une expérience avec « The Voice » que moi je n’ai pas. Mais je me prépare avec beaucoup de professionnels et je vais faire aussi beaucoup de promotion. Je préparerai ainsi ce live du mieux que je peux pour être prête le jour J.
Qu’est-ce qu’on peut te souhaiter ?
La chance. La force de faire tout ça le mieux possible. Et la plus belle place qu’on puisse rêver.

Interview réalisée par Farouk Vallette, le 16 février 2016.
Nous tenons à remercier chaleureusement Alma et Ludovic Hurel, pour ce moment de convivialité.

Image à la une : Alma,©Farouk.Vallette

Le numéro 74 est sorti

Sommaire :
pp.2-3 : L’édito du rédac chef
p.4 : Sommaire
p.5 : Le billet du Président
p.5 : Esma est partie
pp.6-13 : Eurovision 2017 : La route de Kiev est un parcours d’obstacles
pp.14-19 : Alma va à Kiev pour gagner
p.19 : Nazim Khaled, le parrain d’Alma
pp.20-21 : Amir termine 2016 en beauté
pp.22-23 : Paris, La Cigale, le 17 novembre 2016 : Un concert d’amour et de joie
pp.24-27 : ESCKAZ, Eurovision Knowledge from A to Z
p.27 : Les webs médias au coeur de l’évènement
pp.28-29 : Dana, Conchita et Verka enflamment le très paisible Luxembourg
pp.30-33 : La Playlist Vidéo du Coco
pp.34-35 : Le Top 10 ans

© Stijn Smulders

L’édito du Coco 74

« Embrasse-moi, dis-moi que tu m’aimes …« . En ce jeudi 9 février les paroles de la chanson « Requiem » tournent en boucle dans toute la France. En effet, sur les coups de 18h, par Twitter interposé, France 2 a annoncé qu’Alma représenterait la France au prochain concours Eurovision, en prenant tout le monde par surprise, il faut le reconnaitre. Mais ça a marché puisque le choix du diffuseur français était l’information la plus commentée dans les médias et sur les réseaux sociaux tout au long de la soirée.
C’est donc avec le titre « Requiem », sorti au début de l’année et qui tourne déjà dans les radios et sur les chaînes musicales, qu’Alma défendra nos couleurs à Kiev. Saluons le choix de l’équipe française. « Requiem » est un titre actuel, assez dansant, qui a les moyens de se démarquer et de se faire remarquer aussi bien par les jurés professionnels que par le public. Mais bien sûr la chanson en elle-même ne suffira pas. Il faut maintenant travailler le « whole package ». Si la France nous a parfois déçus sur le sujet, elle a aussi montré qu’elle est capable de jolies choses comme en 2010 avec Jessy Matador, ou en 2015 avec Lisa Angell, dont la première répétition avait été saluée par des applaudissements nourris dans le centre de presse. Et puis il y a eu aussi Amir l’an passé.
Alma, c’est un peu la petite sœur d’Amir, puisqu’elle a assuré la première partie de sa tournée, et que sa chanson a été écrite par Nazim Khaled qui avait aussi écrit « J’ai cherché ». On reste donc dans la pop frenchie, mais une pop ouverte sur le monde et accessible à l’ensemble du public européen. En l’écoutant on pense à Indila qui avait connu un gros succès en Europe il y a peu. D’ailleurs les eurofans européens ont plutôt fait bon accueil à « Requiem ». Certes les goûts des eurofans ne convergent pas toujours avec ceux du public mais c’est de bon augure quand même. Bien sûr en France si beaucoup de personnes expriment leur satisfaction, il y en a certains qui expriment parfois durement (à mon avis trop) leur mécontentement. Personne ne peut faire l’unanimité et surtout pas en France, pays où la critique est devenue une activité presque chronique.
Donc nous disons à Alma de ne pas s’arrêter sur les commentaires de ces grincheux et de préparer son aventure avec sérénité. L’équipe qui travaille avec elle a sans doute beaucoup appris de l’aventure d’Amir et elle saura faire ce qu’il faut pour que sa prestation fasse honneur à la France à Kiev.

Image à la une : © Farouk Vallette