L’édito du Coco 81

Au moment d’écrire mon édito je manque cruellement d’imagination. Cet Eurovision qui s’annonce ne sera pas comme les autres. On entre clairement dans une nouvelle ère. L’Eurovision est désormais un évènement médiatique énorme et mondial qui fait que toute la planète aura les yeux rivés sur Tel Aviv le 18 mai. Les stars s’y précipitent, comme les anciens participants. C’est devenu « the place to be » et chacun veut en être. Par ailleurs jamais les titres n’ont été, techniquement parlant, aussi bien produits et réalisés. Comme nous le dit Bilal Hassani dans son interview, il n’y a rien de nul. Je suis d’accord avec lui car cette année il n’y a pas de titre que je déteste.

Mais bizarrement je n’ai pas non plus de super coup de cœur. Il y a des titres dont je reconnais qu’ils ont un potentiel certain et qui me plaisent pour la plupart, mais pour autant il n’y en a aucun qui me semble se détacher des autres. L’OGAE Pool, ce vote des clubs OGAE qui précède le Concours, en est l’illustration. À ce jour, les Pays-Bas, la Suisse et l’Italie se tiennent en quelques points. Trois chansons pas vraiment formatées Eurovision et plutôt actuelles. Suivent la Norvège, la Suède et Chypre. Là on est pile dans les chansons d’eurofans. Les bookmakers rajoutent la Russie et l’Islande à la liste. Pourquoi pas ?

Le passage en live va rebattre les cartes et nous allons sans doute assister à l’émergence d’artistes jusqu’ici délaissés et voir s’effondrer certains favoris. Tant mieux. C’est tout le charme de ce Concours. 2018 a vu apparaître dans les derniers jours Chypre, Autriche, Italie et Allemagne. 2019 aura son lot de surprises. Qui va émerger ? L’Espagne ? Malte ? L’Azerbaïdjan ? La Pologne ? Si je devais parier à ce jour pour d’éventuelles surprises je choisirais bien ceux-là. Et du côté des favoris je pense que l’Islande a une carte à jouer et ferait un beau gagnant.

Et la France ? Coincée entre la 10ème et la 15ème place dans les votes et les pronostics, elle devrait donc finir en milieu de tableau, mais dans la première partie si possible. Visiblement, on n’attend pas la France. C’est peut-être là notre chance. On ne pourra que surprendre. Bilal Hassani, notre représentant, connait l’Eurovision et ses codes. Son entourage a fait l’expérience du Concours l’an passé avec Madame Monsieur. Et France Télévisions est conscient qu’il est temps pour la France de marquer les esprits avec une prestation originale à même de plaire au public et aux jurys, dont les goûts n’ont jamais été si opposés. On nous promet même quelque chose de fabuleux. Chouette !

Bilal prépare son Concours avec soin, mais se projette également sur son après Eurovision, c’est à dire présenter sur scène au public français son album « Kingdom ». C’est exactement ce qu’on attend de notre repré-sentant : montrer que tout ne s’arrête pas à l’Eurovision et qu’il y a une suite derrière.

Sinon, je n’ai jamais été aussi peu emballé de me rendre sur place que cette année. La sécurité nous a fait la misère à Kiev et à Lisbonne. Je sens qu’elle va se surpasser à Tel Aviv et faire de notre vie quotidienne un cauchemar. Le maire de Tel Aviv, Ron Huldai, a déclaré « L’un de nos plus grands atouts est que nous sommes amicaux, chaleureux et accueillants. Ce sont les atouts que nous voulons exploiter au service des milliers de touristes qui profiteront de la meilleure expérience possible de l’Euro-vision ». Si on doit parler d’exploitation, c’est surtout celle des eurofans qu’il faut évoquer. On sera peut-être accueillis chaleureusement, mais on rentrera chez nous avec un compte en banque bien dégarni, en espérant que certains ne devront pas vendre leur rein pour payer leur séjour. Les tarifs des locations ont explosé et pour louer une chambre miteuse trois jours dans la banlieue de Tel Aviv il en coûte autant qu’une location d’une semaine dans un cinq étoiles en Grèce tous frais payés. Les eurofans vont se faire tondre comme des moutons. Ils en ont l’habitude me direz-vous, mais cette année on va sans doute particulièrement nous gâter. Nous sommes mêmes invités chez l’habitant pour le Shabbat du 17 mai, mais avec une participation aux frais…

Allez ! Le Farouk va arrêter de bougonner et souhaiter à toutes et tous un très bon Eurovision 2019.

L’édito du Coco 80

« Je vous parle d’un temps que les moins de vingt ans ne peuvent pas connaitre … » disait Charles Aznavour dans « La bohême ». Et bien moi je vais vous parler d’un temps que les moins de vingt-sept ans ne peuvent pas connaître. Un temps où il fallait attendre les derniers votes pour savoir si la France allait remporter (ou pas) le Concours Eurovision, ce qui procurait à nos concitoyens ces intenses émotions que l’on pense aujourd’hui réservées uniquement aux Suédois, aux Ukrainiens ou aux Russes. Ce temps semble révolu.

Le dimanche 25 novembre 2018, dans la Minsk-Arena, le taux d’adrénaline des eurofans français, qui avaient fait le déplacement dans la capitale biélorusse, est monté à son plus haut niveau depuis 1991. Il en fut probablement de même chez les téléspectateurs de France 2 aux quatre coins du pays. La France était en tête de l’Eurovision Junior et on attendait le dernier vote pour savoir combien de points la Pologne allait récolter. Malheureusement, cette dernière en a engrangé suffisamment pour nous passer devant et remporter de douze petits points ce concours. À la légitime déception a succédé malgré tout une grande satisfaction. 2ème à l’Eurovision, même si c’est au Junior, c’est inespéré tant notre pays y a connu de déconvenues depuis vingt-sept ans. Ces émotions resteront un immense et merveilleux souvenir, mais surtout elles ont démontré que la France peut et veut remporter l’Eurovision.

Cette deuxième place n’est pas due au hasard, car « Jamais sans toi » cumule tous les ingrédients qui font un succès à l’Eurovision. Il y a d’abord une bonne chanson, simple mais efficace. Il y a ensuite une (très) jeune chanteuse déjà talentueuse, Angélina, et des danseurs, Albane et Léo, incroyables de professionnalisme. Enfin, à la manœuvre, il y a toute l’équipe qui les a entourés et bien sûr notre nouveau chef de délégation Steven Clerima. Un chef de délégation qui est conscient que pour qu’un projet soit abouti, il faut travailler. Beaucoup travailler. Un mois avant cet Eurovision Junior, lors de la conférence de presse, Angélina avait déclaré qu’elle avait commencé à répéter. Ça m’a surpris. Car voir la France répéter presque un mois avant d’embarquer pour la ville hôte, c’est inédit.

Ce processus de retour de la France à l’Eurovision s’est enclenché sous l’impulsion de Nathalie André lorsqu’en 2015 Edoardo Grassi, qui venait d’être nommé chef de délégation, et Steven Clerima, qui allait prendre en charge la coordination de l’équipe, ont été dépêchés à Sofia pour assister à l’Eurovision Junior. Trois ans plus tard on ne peut que constater que le bilan est excellent. La France s’est réconciliée avec l’Eurovision, les audiences sont bonnes, le public se prend à nouveau de passion pour le Concours et ces trois dernières années nous avons obtenu un classement dans la première moitié du tableau, ce qui est synonyme d’un Eurovision réussi.

Destination Eurovision est un maillon essentiel du dispositif Eurovision de France 2. Pour sa seconde édition la production a proposé un plateau extrêmement relevé, avec en prime des stars. Au moment où les noms des 18 artistes en compétition ont été révélés, il était bien difficile de deviner qui allait remporter le ticket pour représenter la France en mai prochain à Tel Aviv et jusqu’au dernier instant le résultat est resté indécis.

En proposant au public de participer à la sélection du représentant français à l’Eurovision et en pérennisant le programme, France 2 a suscité un regain d’intérêt pour le Concours chez un public qui le regardait de manière distante et avec indifférence : les jeunes. Il suffisait de voir la composition du public sur le plateau de Destination Eurovision et d’observer l’intense activité sur les réseaux sociaux pour s’en convaincre. Car finalement, en dehors des grandes compé-titions sportives, l’Eurovision est le seul évènement qui engendre autant d’intérêt voire de passion. Quel programme âgé de 63 ans peut en dire autant ?

Ce retour de la France a généré la satisfaction de l’UER. La présence sur place du superviseur exécutif du Concours Eurovision Jon Ola Sand, pour la seconde année consécutive, est bien le signe que l’UER attend que notre pays reprenne toute sa place à l’Eurovision. Car la France n’est pas un pays comme les autres. Elle partage avec le Royaume Uni et peut-être l’Italie une spécificité : l’exigence. On attend beaucoup de notre pays. Trop ? peut-être …

Avec Destination Eurovision, la France est définitivement entrée dans le monde 2.0. L’adhésion du public français à Madame Monsieur en 2018, puis à Bilal Hassani en 2019, deux candidats très impliqués sur les réseaux sociaux, en est la parfaite illustration.

En remportant Destination Eurovision, Bilal Hassani va donc nous représenter à Tel Aviv. Il peut compter sur le soutien du public français et évidemment des eurofans qui viendront en nombre le soutenir à Tel Aviv.

Une étape a été franchie, mais il y en a d’autres. Bilal, son entourage et la Team Eurovision de France 2 doivent tous ensemble travailler dès maintenant pour aborder la quinzaine de Tel Aviv dans les meilleures conditions. Parce que Miki, Mahmood, Michael Rice ou Sergueï Lazarev – pour ne citer que les premiers concurrents du Concours 2019 connus – ne nous feront pas de cadeau. Le parcours du combattant ne fait que commencer !

Image à la une et photo : © Farouk Vallette

L’édito du Coco 79

Ce samedi 12 mai 2018 sur les coups de minuit, je me trouve quelque part dans l’enceinte de l’Altice Arena au moment où les présentatrices portugaises Dani-ela Ruah et Catarina Furtado ont entamé l’haletante cérémonie des votes. La première partie est l’annonce du vote des jurys professionnels qui compte pour 50% des points attribués.

Au premier jury, l’Ukraine, mon cœur fait un bond car c’est à une « such amazing song » que sont offerts les premiers douze points : la France. Et, en quelques instants, mon cerveau passe par toutes les émotions. Alors que dans l’après-midi les premiers échos sur les votes des jurys qui avaient eu lieu la veille étaient plutôt sombres quant aux chances de nos représentants, Madame Monsieur, de remporter cet Eurovision, je me suis pris quelques secondes à rêver. Et si cette année était la bonne ?

Ça n’a pas duré longtemps, parce que très vite mon cerveau a retrouvé la raison. Mmmm, c’est un piège, l’UER veut brouiller les pistes. En effet, Jon Ola Sand et ses acolytes choisissent l’ordre de passage des votes des jurys en fonction des résultats et ils ont toujours dit que cet ordre était établi pour ménager le suspense. La suite m’a donné raison, car plus aucun autre jury ne nous donnera douze points. Petit à petit, je vois la France dégringoler et je tente de repérer à l’écran quand des points sont attribués si la France fait partie des heureux élus. Seulement la moitié des jurys nous donnera des points et hormis deux fois dix points venus de Lettonie et Lituanie ainsi qu’un surprenant huit points maltais, le reste est constitué de petits scores. Et je maudis ces jurys de pays proches de nous (géographiquement et cultu-rellement) dont on attendait beaucoup et qui, au final, ne nous ont rien donné (Italie, Suisse, Royaume Uni, Allemagne, Pays-Bas…). Jurys de m…… !

Et puis il y a le haut du classement, là où tous les regards sont concentrés. Quand la plupart des téléspectateurs souhaite simplement connaître le pays qui va gagner, moi je me projette dans l’avenir. En 2019. L’Autriche ? Chouette ! J’ai adoré mon Concours à Vienne. Je signe tout de suite pour y retourner. La Suède ? Pfff… Encore ! Et puis là, après Malmö et Stockholm, c’est Göteborg qui nous pend au nez. C’est où ça Göteborg ? Tiens, l’Allemagne est bien placée. C’est mon chouchou. J’ai pris un risque et parié sur lui quelques heures plus tôt car je pense qu’il peut créer la surprise. Un Concours à Berlin, ça satisferait tout le monde !

C’est la fin des votes des jurys. La France est 8ème. Bon ben espérons que le public a aimé. Je n’y crois pas vraiment en fait. Je sais que c’est déjà plié pour nous. Il nous reste encore un mince espoir de Top 10. Ma chanson coup de cœur, la Bulgarie, n’est pas mieux lotie, 9ème. Pour elle aussi c’est terminé. Reste l’Allemagne qui est 4ème. Et si après les jurys, le petit Allemand (qui est en fait très grand) avait aussi ému les téléspectateurs ?

On démarre la seconde partie et les présentatrices balancent le classement du télévote (qui compte aussi pour 50% des points) du dernier au premier un par un. Mais c’est très rapide. Trop rapide. La Suède est le quatrième pays annoncé. Grand moment ! J’entends les cris de joie du public. Et je rigole doucement. Ah, quelle raclée ! Bye-bye Göteborg ! Puis arrive très vite le nom de la France. Aïe. C’est trop tôt. C’est mal barré pour le Top 10. J’essaye de compter les pays qui vont probablement nous passer devant. À la louche, on va se retrouver 14ème ou 15ème. Quelle déception ! J’espérais vraiment un Top 10.

Les noms des pays continuent à être égrainés. Daniela et Catarina annoncent l’Autriche. Je m’y attendais. Mais j’encaisse le coup. Mince, on ne retourne pas à Vienne.

On a quand même droit à une petite pause quand il en reste dix. Le temps de repérer qui peut l’emporter. L’Allemand est toujours dans la course, avec l’Israélienne et la Chypriote. Et puis tiens, le dernier des jurys, l’Ukraine, n’est toujours pas tombé. Certains votes des jurys sont décidément bien surprenants.

Et ça repart. L’Allemand est rapidement hors-course et il n’en reste bientôt plus que trois à annoncer dont l’Italie que je n’ai pas vu venir. Ermal Meta & Fabrizio Moro vont-ils venger Francesco Gabbani ? Non. L’écart de points avec Chypre et Israël, les autres pays dont on attend aussi le nom, est trop important. 2019 sera donc un Concours au soleil en Méditerranée orientale. C’est bien, mais je suis quand même déçu parce qu’aucun des deux gagnants potentiels ne me plait. Chypre serait un moindre mal. Mais au fait, ils ont une grande salle pour accueillir l’Eurovision là-bas ?

Pas la peine de se poser la question. Ça sera la loose jusqu’au bout. C’est Israël qui gagne. Je fais la gueule. Et celle-ci s’allonge quand Netta nous donne rendez-vous à Jérusalem. Pfff ! Après un Eurovision des emmerdes en 2017 dans un pays en proie à une guerre civile larvée, rebelote pour 2019 ! Nous voici plongés au cœur du très compliqué Proche-Orient.

La conférence de presse de la gagnante a achevé ma soirée. Pas de shooting photo de Netta avec son trophée (elle l’a cassé) et la presse non-israélienne est priée de sortir avant la fin. Ça promet pour Jérusalem.

J’attendais beaucoup de cet Eurovision lisboète. À part les chansons, il m’a déçu. Du point de vue de l’organisation, globalement, ce fut sans doute celui que j’ai le moins aimé et j’avais hâte de rentrer chez moi.

J’ai suivi de loin tout l’été le duel annoncé entre Jérusalem et Tel- Aviv pour la désignation de la ville hôte. Finalement ce sera Tel-Aviv. Bon. C’est quand même plus sympa que Jérusalem.

Au moment où j’achève mon édito, j’ai toujours en travers de la gorge le score de la France. J’aurais tant aimé que Madame Monsieur fasse un bon résultat. Pas seulement parce que leur chanson le méritait. Mais aussi parce que j’ai beaucoup apprécié ces deux artistes attachants et généreux.

Un second Destination Eurovision commence à se préparer pour désigner notre représentant à Tel-Aviv. J’ose un petit conseil aux professionnels qui vont sélectionner les concurrents. Privilégiez les titres qui auront la capacité de séduire l’ensemble des téléspectateurs européens. Car le télévote c’est notre faiblesse. Rappelons que sur les dix dernières années ce n’est pas Amir mais Jessy Matador en 2010 qui a obtenu le meilleur classement français au télévote, 8ème. C’est sur ce point-là que nous devons progresser.

Image à la une : © Farouk Vallette

L’édito du Coco 78

Quand l’inspiration ne vient pas, c’est toujours compliqué d’aborder son édito. Pour ce numéro 78, il a trainé jusqu’à la veille de l’envoi chez l’imprimeur. C’est probablement parce que le Concours Eurovision 2018 me laisse perplexe.

Les eurofans et les bookmakers, se sont entichés de « Toy », le titre proposé par Israël, une chanson assez plaisante, dansante, avec un gimmick poulailler qui fera encore plus caqueter que d’habitude le petit monde de l’Eurovision. C’est sans doute le bon moment, après deux chansons lentes, de couronner un titre qui bouge un peu. A défaut, l’Australie pourrait faire l’affaire, mais les téléspectateurs européens n’arrivent toujours pas à s’habituer à sa présence au Concours. La Suède pourrait aussi convenir, mais retourner en Suède pour une troisième fois en six ans ne m’enchante pas vraiment.

Mon sentiment est que cette année nous allons vivre un Concours Eurovision très ouvert  et que cette édition 2018 ne compte aucun favori mais un paquet d’outsiders. Et la bonne nouvelle, c’est que parmi ces outsiders on trouve la France, car « Mercy », le titre proposé par Madame Monsieur, plaît. Certes, il ne caracole pas en tête des bookmakers, mais il progresse doucement et se retrouve à une position idéale : aux portes du Top Five, là où se trouvaient Conchita Wurst, Jamala et Salvador Sobral à trois semaines de la finale du Concours.

Avec Madame Monsieur, nous avons un duo qui a la tête sur les épaules et qui sait très bien ce qu’il veut et ce qu’il ne veut pas. Un groupe curieux et ouvert, qui porte sur le monde un regard bienveillant. Un groupe de son temps, dont l’univers musical navigue entre électro et hip-hop, c’est-à-dire tout ce qui fait la pop actuelle. Mais il y a ajouté une petite touche très française et c’est sans doute ce qui plait à nos voisins européens. La manière dont Émilie et Jean-Karl fonctionnent et qu’ils nous ont expliquée, me parle. J’ai abordé leur univers dans « Tandem » avec curiosité. J’ai maintenant envie de découvrir « Vu d’ici » avec impatience. Ils sont sincères et authentiques. Je pense qu’ils peuvent gagner.

Tout le travail accompli depuis trois ans par France Télévisions et l’ensemble des personnes qui s’investissent dans le projet Eurovision porte doucement ses fruits. La qualité de Destination Eurovision, première sélection française depuis longtemps, a été unanimement saluée. Avec Amir, la France a retrouvé le goût de l’Eurovision. Avec Alma, elle y a maintenu ses positions. Avec Madame Monsieur, elle peut encore progresser.

Mais le chemin qui mène à une éventuelle sixième victoire française est semé d’embûches. Car, comme je l’ai dit, il y a un paquet d’outsiders. À commencer par la Bulgarie, qui est, elle aussi, sur une bonne dynamique depuis trois ans. Les prestations d’avant Concours d’Equinox m’ont convaincu. Mais je pourrais citer également le Tchèque Mikolas Josef, dont l’énergie est un atout, la Belge Senek pour la qualité de sa chanson, ou le Norvégien Alexander Rybak, dont la prestation, comme celle du Suédois Benjamin Ingrosso, me semble aboutie et terriblement efficace. J’ajoute aussi dans ma liste le Néerlandais Waylon, dont la prestation à Amsterdam m’a bluffé, et l’Italie dont la thématique grave de la chanson peut fédérer dans une Europe encore traumatisée par les attentats de Barcelone, Paris ou Manchester.

Je note aussi que la première demi-finale concentre toutes les attentions et que son niveau très relevé laisse augurer de grosses désillusions le 8 mai au soir.

L’eurofan qui sommeille en moi s’est donc pris au jeu des pronostics. Chassez le naturel, il revient au galop. C’est ce qui fait le charme de l’Eurovision. Tous ces moments incertains où l’on se projette et où l’on essaie de prédire comment ça va se passer, sachant que rien ne se déroule jamais comme prévu.

Image à la une : Meeting d’Amsterdam, Eurovision in Concert 2018 © Farouk Vallette

L’édito du Coco 77

« Tu fais quoi ce soir ? », « Je regarde la demi-finale française ». Ce dialogue improbable entre deux eurofans était encore de la science-fiction il y a quelques mois. Mais grâce aux efforts conjugués de France 2 et d’ITV Studios France il est devenu réalité en ce mois de janvier 2018. Le résultat a été au-delà de nos espérances. D’abord par le choix des chansons, pour la plupart actuelles et pour certaines avec un potentiel Eurovision indéniable; ensuite par le choix des artistes, certains ayant un univers artistique fort, une personnalité et de l’expérience; enfin grâce à une réalisation qu’on avait peine à imaginer sur le service public ou sur une quelconque chaine française et qui vient démontrer, à ceux qui en doutaient, que la France est prête à organiser le Concours et qu’elle n’aura pas besoin d’être aidée dans cette tâche.
En définitive nous avons assisté à deux demi-finales fabuleuses et à une finale éblouissante. Certains vont sans doute formuler quelques critiques ça et là. Normal, on est en France le pays où la critique est un sport national. Pour ma part je n’en n’ai pas envie tant j’ai adoré cette aventure Destination Eurovision. En effet le spectacle qui nous a été proposé fut brillant et c’est ça qui compte. Les équipes qui se sont attelées à ce projet proposé par Matthieu Grelier à France Télévisions ont fait un travail remarquable et je tiens à les féliciter ainsi que tous ceux qui ont contribué à cette aventure.
Ils étaient 18 candidats retenus pour postuler à la victoire, et c’est finalement un duo, Madame Monsieur, qui nous représentera à Lisbonne avec une chanson évoquant l’histoire d’une petite fille née sur un bateau de migrants au milieu de la Méditerranée et prénommée « Mercy ». Evoquer dans une chanson un sujet humaniste mais très polémique depuis plusieurs mois en France comme en Europe était compliqué. Mais Emilie et Jean-Karl ont su le faire avec intelligence, sensibilité et générosité sans en faire trop dans l’émotion. Un juste dosage pour une chanson très actuelle dans sa musicalité et représentative de ce qui se fait sur la scène musicale française.
Que les autres candidats ne voient pas cette aventure comme une fin mais plutôt comme un début ou une suite de leur carrière. Ils ont tous prouvé qu’ils avaient du talent. Lisandro, Malo’, Emmy, Igit, Nassi, Max et Louka, mais aussi tous ceux que nous avons découvert en demi-finale, nous ont tous proposé des titres forts et agréables. Ça ne doit pas, ça ne mérite pas de s’arrêter là et on espère que ces titres vont continuer leur chemin, que les radios les diffuseront et que les gens les écouteront.
On a besoin de ce type de programme proposant des titres inédits en prime time. Il ne faut pas nous contenter d’émissions ressassant les covers des tubes passés. Est-ce que ce n’est pas lassant de voir le « Hallelujah » de Léonard Cohen rabâché à toutes les sauces, ou de regarder Images nous rechanter pour la dix-millième fois « Les démons de minuit » ? C’est pourquoi l’initiative de France 2 doit être poursuivie. Même si les audiences n’ont peut-être pas été à la hauteur des espérances de la chaine, le programme doit continuer et s’installer auprès du public qui doit retrouver cette curiosité musicale que la plupart des programmes de variétés actuels ont fait disparaître petit à petit à force de matraquage de toutes ces anciennes chansons qu’on connaît par cœur.
On avait tout à craindre d’une sélection française. On a fini totalement rassurés. L’organisation de l’évènement fut pratiquement parfaite du début à la fin et surtout très professionnelle dans la forme comme pour le fond. Les équipes de France 2 et d’ITV Studios France ont acquis tout au long de cette aventure un savoir-faire qu’elles sauront développer et enrichir pour l’an prochain. Quant aux eurofans français et européens, ils ont vécu tout au long du mois de janvier au rythme de l’évènement. On attend déjà avec impatience Destination Eurovision 2019.

Image à la une : Madame Monsieur sur la scène de Destination Eurovision © Farouk Vallette

L’édito du Coco 76

Trois mois après la Finale, je me revois encore dans le centre de presse regardant avec incrédulité l’écran au moment des votes et voyant le Portugal filer vers la victoire. Une victoire que je ne comprends pas et qui reste à ce jour toujours un mystère pour moi. Pour autant, je ne m’en formalise pas contrairement à certains de mes camarades qui ont jeté leur écran de télévision par-dessus leur balcon en maudissant l’Eurovision, jurant que plus jamais ils ne s’intéresseraient à ce concours ringard qu’ils ont promis de ne plus regarder.
Certes, je suis un peu triste pour mon chouchou, l’Italien Francesco Gabbani, qui aurait fait un gagnant fantastique. Cette amertume s’est accompagnée de contrariété pendant la conférence de presse du gagnant. Face à moi, il y avait un Salvador Sobral dont j’essayais désespérément de faire une photo convenable et qui, entre grimaces et réflexions indigestes, me désespérait. Mes photos étaient toutes ratées. Sûr qu’avec Francesco, la conférence de presse aurait été mémorable et que j’aurais eu du mal à choisir quelques clichés parmi la centaine de bonnes photos que j’aurais prises de lui pour garnir ce magazine.
Mais cette déception est compensée par des larmes. Les larmes de mon camarade Dalécio et des Portugais présents sur place. Des larmes de joie et de bonheur. Cinquante ans qu’ils en rêvaient. Pour la première fois un artiste portugais a ramené le trophée du côté de Lisbonne. Oui, nos amis Portugais méritent cette victoire. Pour leur patience. Pour leur ténacité. Pour toutes les couleuvres qu’ils ont dû avaler depuis qu’ils participent à l’Eurovision. Je les revois encore pendant toutes ces années, portant fièrement des chemises aux couleurs de leur pays, leurs drapeaux à la main, se préparer pour ces demi-finales d’où leur représentant ressortait la plupart du temps en charpie. Alors j’ai félicité Dalécio et je lui ai fait la bise, car j’étais très sincèrement content pour lui.
Par contre, je suis bien triste pour Alma. Et j’en veux aux jurys. Heureusement que le public a apprécié la belle prestation de notre représentante. Mais franchement, c’est rageant de ne pas être dans un Top 10 où nous avions notre place. 12ème c’est cependant un résultat honorable. Après la 6ème place d’Amir, la France se maintient. Quand je vois nos voisins Allemands ou Espagnols, je me dis que l’Eurovision est parfois bien cruel et qu’une 12ème place est toujours bon à prendre.
Il paraît que l’an prochain on fera en France une sélection nationale. Ça ne m’emballe pas car ça me rappelle de mauvais souvenirs. Et puis je me méfie du public français, aux goûts si particuliers et parfois aux antipodes de ce que les Européens apprécient, et des jurys professionnels français qui, s’ils ne connaissent pas bien les mécanismes du concours, sont capables d’encenser un Manel Navarro français. C’est pourquoi je soutiens l’idée de demander leur avis à des jurys internationaux. Cette inquiétude est sans doute prématurée. Attendons de voir ce que ça va donner.
Ce concours 2017 ne devrait pas rester dans les mémoires. Peut-être se souviendra-t-on de la victoire de Salvador Sobral, ce chanteur fragile et tourmenté, mais probablement pas de sa chanson dont il est impossible de fredonner l’air. Après la tornade Conchita et le succès de Måns, le concours est retombé comme un soufflé avec Jamala et Salvador Sobral dont les chansons n’ont pas rempli les playlists des radios européennes (sauf bien sûr dans leur pays et éventuellemnt dans les états voisins).
L’an prochain, l’Eurovision va planter son chapiteau à deux pas de l’océan Atlantique, sur les rives du Tage, dans un pays ensoleillé qui me fera oublier Kiev et ses flocons de neige. Alors vive Lisboa 2018 pour me consoler de Kiyv 2017 !
Je ne peux terminer cet édito sans vous faire remarquer que le Coco a pris du muscle cet été. Il passe en format A4. Un format qui est l’apanage des grands magazines dont il fait désormais incontestablement partie. « Il prend le melon, Farouk ? ». Ben oui …

A la une : La joie des Portugais dans le centre de Presse © Farouk Vallette

L’édito du Coco 75

Au moment où vous recevez ce Cocoricovision n°75, il reste une petite vingtaine de jours avant la grande finale du concours Eurovision 2017 et tout le monde se pose la question : qui peut battre l’Italien Francesco Gabbani? L’engouement du public et des médias pour « Occidentali’s Karma » atteint des sommets. Le clip va franchir les 100 millions de vues sur Youtube, ce qui est inédit pour une chanson qui doit participer à l’Eurovision, et la presse s’arrache l’Italien au sourire ravageur. La victoire de Francesco semble évidente d’abord parce qu’aucun autre titre ne sort du lot pour rivaliser avec la chanson italienne. Mais aussi parce qu’on imagine mal les jurés professionnels, qui dans un délire élitiste s’étaient acharnés sur Il Volo en 2015 et Sergey Lazarev en 2016, rééditer leur exploit cette année. Ils en sortiraient complètement déconsidérés.
Mais, à l’Eurovision, on n’est jamais à l’abri d’une surprise. Selon les dix premiers votes du réseau OGAE, derrière Francesco, on trouve dans un mouchoir de poche quatre titres. D’abord la Belgique, dont la chanson hyper actuelle apporte au concours une touche de fraîcheur et de modernité. Mais la jeunesse de Blanche, 17 ans, peu habituée à la scène, est considérée par certains médias comme un inconvénient. Ensuite il y a, comme d’habitude, la Suède. C’est pro et calibré pour le concours avec un style « Justin Timberlake » assumé. Mais où sont la fantaisie et l’authenticité dans une prestation certes brillante mais froide ? Il y a aussi l’Estonie avec un titre qui fleure bon les années 80 et porté par deux belles voix et deux physiques, mais qui pourrait aussi être considéré comme trop populaire par des jurys dont on sait qu’ils adorent aller aux antipodes des goûts du public. Et puis il y a la France. Avant d’évoquer celle qui défendra nos couleurs à Kiev, citons aussi les deux OVNI qui pourraient créer la surprise : le titre langoureux et intemporel du Portugais Salvador Sobral et la chanson décalée mixant hip-hop et musiques gypso-ethniques du Hongrois Joci Pápai.
Alma, le charme français, les toits de Paris et une ritournelle qui se retient sont les atouts incontestables d’une chanson, « Requiem », qui plaît à tous, puisque les dix premiers jurys du réseau OGAE lui ont tous donné des points. Certes il y a encore des incertitudes puisque nous ne savons rien encore tant de la mise en scène et du visuel que de la capacité d’Alma à dompter la scène. Mais nous sommes en droit d’être optimistes.
Avec Alma, et après Amir, « La France est de retour », nous ont dit beaucoup d’Européens croisés à Londres et Amsterdam. Et ils en sont heureux, tant tous ceux qui gravitent dans le petit monde de l’Eurovision aimeraient, quarante ans après la dernière victoire française au concours, pouvoir enfin vivre un Eurovision dans « la belle et douce France ». Marie Myriam, qui fête le quarantième anniversaire de sa victoire à Londres, a elle aussi à cœur de voir une jeune et brillante artiste française soulever le trophée.

Nazim Khaled, le co-pilote d’Alma (France 2017) et d’Amir (France 2016)

Le nom de Nazim Khaled commence à être connu du petit monde de l’Eurovision. En effet Nazim a écrit et composé pour Alma « Requiem » après avoir réalisé « J’ai cherché » pour Amir. Faisons connaissance avec Nazim, jeune artiste très proche d’Alma et d’Amir.

Nazim Khaled est âgé de trente ans. Il est originaire de Saint-Etienne où il retourne souvent car il est très attaché à cette ville où il a grandi, mais aussi parce que c’est un fervent supporter de l’ASSE, le club de football stéphanois.
Chanteur, mais aussi guitariste et pianiste, il se fait connaître en 2011, sous le nom de Nazim Hitch, en participant à « Je veux signer chez AZ », un casting musical organisé sur le réseau social Facebook. Il ne gagne pas mais il se fait remarquer notamment pour ses talents d’écriture et de composition, et il intègre le label Mercury. La liste de ses collaborations comme auteur et/ou compositeur est impressionnante. On citera notamment (pardon Nazim mais il y en a tant) Kendji  Girac (sur ses deux albums, il a participé à l’écriture et la composition de, entre autres, « Andalouse » et « C’est trop »), Yannick Noah, ou Claudio Capéo.
On n’oublie pas évidemment sa participation à l’album d’Amir « Au cœur de moi » dont il a co-écrit et co-composé pratiquement tous les titres dont « J’ai cherché ». Il était d’ailleurs présent à Stockholm pour le concours 2016. Sa relation avec Amir qui a débuté en 2014 est plus que professionnelle et une grande amitié est née avec celui qu’il appelle son frérot. Quand ils ont commencé à travailler ensemble il n’y avait pas de maison de disques derrière et cet album a mis un an à se faire. Plus d’une année de travail mais aussi de bons moments immortalisés bien souvent par des selfies publiés sur leur page Facebook respective et qui s’est terminée en apothéose avec l’Eurovision et le grand succès populaire de l’album.
Mais Nazim reste avant tout un chanteur. Et quand il lui reste du temps il compose et il écrit aussi pour lui. Il a réalisé notamment un single « Les cités » en 2013. Il a fait aussi les premières parties des concerts de Yannick Noah et Claudio Capéo bien sûr, mais aussi de Ben l’Oncle Soul, Goran Bregović et Cali.
Il collabore avec Alma depuis plusieurs années et la chanson « Requiem » a été composée en octobre 2014, une période où ils ont commencé à travailler ensemble. Il s’est d’ailleurs déclaré très ému lors la signature d’Alma chez Warner Music en avril 2015. Il a écrit et co-composé le premier single d’Alma « La chute est lente », un très joli titre sorti en juin 2016.

Image à la une : Nazim & Amir à Stockholm (Mai 2016) © Farouk Vallette

L’édito du Coco 74

« Embrasse-moi, dis-moi que tu m’aimes …« . En ce jeudi 9 février les paroles de la chanson « Requiem » tournent en boucle dans toute la France. En effet, sur les coups de 18h, par Twitter interposé, France 2 a annoncé qu’Alma représenterait la France au prochain concours Eurovision, en prenant tout le monde par surprise, il faut le reconnaitre. Mais ça a marché puisque le choix du diffuseur français était l’information la plus commentée dans les médias et sur les réseaux sociaux tout au long de la soirée.
C’est donc avec le titre « Requiem », sorti au début de l’année et qui tourne déjà dans les radios et sur les chaînes musicales, qu’Alma défendra nos couleurs à Kiev. Saluons le choix de l’équipe française. « Requiem » est un titre actuel, assez dansant, qui a les moyens de se démarquer et de se faire remarquer aussi bien par les jurés professionnels que par le public. Mais bien sûr la chanson en elle-même ne suffira pas. Il faut maintenant travailler le « whole package ». Si la France nous a parfois déçus sur le sujet, elle a aussi montré qu’elle est capable de jolies choses comme en 2010 avec Jessy Matador, ou en 2015 avec Lisa Angell, dont la première répétition avait été saluée par des applaudissements nourris dans le centre de presse. Et puis il y a eu aussi Amir l’an passé.
Alma, c’est un peu la petite sœur d’Amir, puisqu’elle a assuré la première partie de sa tournée, et que sa chanson a été écrite par Nazim Khaled qui avait aussi écrit « J’ai cherché ». On reste donc dans la pop frenchie, mais une pop ouverte sur le monde et accessible à l’ensemble du public européen. En l’écoutant on pense à Indila qui avait connu un gros succès en Europe il y a peu. D’ailleurs les eurofans européens ont plutôt fait bon accueil à « Requiem ». Certes les goûts des eurofans ne convergent pas toujours avec ceux du public mais c’est de bon augure quand même. Bien sûr en France si beaucoup de personnes expriment leur satisfaction, il y en a certains qui expriment parfois durement (à mon avis trop) leur mécontentement. Personne ne peut faire l’unanimité et surtout pas en France, pays où la critique est devenue une activité presque chronique.
Donc nous disons à Alma de ne pas s’arrêter sur les commentaires de ces grincheux et de préparer son aventure avec sérénité. L’équipe qui travaille avec elle a sans doute beaucoup appris de l’aventure d’Amir et elle saura faire ce qu’il faut pour que sa prestation fasse honneur à la France à Kiev.

Image à la une : © Farouk Vallette

L’édito du Coco 73

Etincelant et magnifique, le concours Eurovision Stockholm 2016 restera sans doute comme l’un des plus beaux jamais diffusé depuis soixante ans. Le show fut impeccable et la production est arrivée à un point de perfection comme jamais. On en est ressorti avec pleins de petites étoiles dans les yeux. Tout était réuni pour qu’il en soit ainsi.
Des performances travaillées avec des artistes ayant à cœur de montrer le meilleur d’eux-mêmes, des interval acts specta- culaires (avec en plus, cerise sur le gâteau, la présence sur la scène du Globe Arena d’une star internationale, Justin Timberlake), un nouveau système d’annonce des votes agrémenté en plus un suspense final à couper le souffle et enfin des présentateurs talentueux qui sans en faire trop ont apporté cet esprit d’auto-dérision typiquement suédois que nous adorons tant et avec qui on a envie de reprendre en cœur « Love love peace peace ».
Oui on se rappellera longtemps de ce concours. D’abord à cause de cette victoire ukrainienne venue de nulle part quand les médias n’avaient d’yeux que pour la performance spectaculaire du Russe Sergey Lazarev ou la voix de cristal de l’Australienne Dami Im. La voix, l’authenticité et la sincérité de Jamala se sont imposées à nous et j’avoue que j’en suis heureux, même si la perspective d’aller à Kiev l’an prochain ne m’enchante pas vraiment.
Ce concours nous a marqué aussi parce que c’est peut-être le début d’une renaissance française. Amir a défendu nos couleurs avec beaucoup de cœur et est allé nous chercher cette sixième place à laquelle on n’osait pas croire tant nous avions été déçus par le passé. Derrière ce beau résultat il y a un chanteur talentueux dont le succès à l’Eurovision en annonce probablement d’autres. En effet son nouveau single est bien parti pour marcher aussi bien que sa chanson de l’Eurovision. Il y a aussi un chef de délégation, Edoardo Grassi, qui s’est beaucoup impliqué, sans discontinuité, tout au long de l’aventure, depuis le choix de la chanson jusqu’à la finale. Présent à tous les niveaux (encadrement, promotion, choix artistiques), il a été, avec sa petite équipe, au taquet pendant quatre mois non-stop.
Ce résultat et l’engouement suscité en France par le concours devraient éveiller les vocations et des artistes ou des maisons de disques vont peut-être regarder l’Eurovision avec un peu plus de bienveillance. On peut espérer de bonnes propositions parmi lesquelles nous choisirons notre futur représentant. Après tout mieux vaut avoir l’embarras du choix que de faire un choix par défaut.
Farouk Vallette
Image à la une : Sergey Lazarev, ©Farouk.Vallette