Au moment où vous recevez ce Cocoricovision n°75, il reste une petite vingtaine de jours avant la grande finale du concours Eurovision 2017 et tout le monde se pose la question : qui peut battre l’Italien Francesco Gabbani? L’engouement du public et des médias pour « Occidentali’s Karma » atteint des sommets. Le clip va franchir les 100 millions de vues sur Youtube, ce qui est inédit pour une chanson qui doit participer à l’Eurovision, et la presse s’arrache l’Italien au sourire ravageur. La victoire de Francesco semble évidente d’abord parce qu’aucun autre titre ne sort du lot pour rivaliser avec la chanson italienne. Mais aussi parce qu’on imagine mal les jurés professionnels, qui dans un délire élitiste s’étaient acharnés sur Il Volo en 2015 et Sergey Lazarev en 2016, rééditer leur exploit cette année. Ils en sortiraient complètement déconsidérés.
Mais, à l’Eurovision, on n’est jamais à l’abri d’une surprise. Selon les dix premiers votes du réseau OGAE, derrière Francesco, on trouve dans un mouchoir de poche quatre titres. D’abord la Belgique, dont la chanson hyper actuelle apporte au concours une touche de fraîcheur et de modernité. Mais la jeunesse de Blanche, 17 ans, peu habituée à la scène, est considérée par certains médias comme un inconvénient. Ensuite il y a, comme d’habitude, la Suède. C’est pro et calibré pour le concours avec un style « Justin Timberlake » assumé. Mais où sont la fantaisie et l’authenticité dans une prestation certes brillante mais froide ? Il y a aussi l’Estonie avec un titre qui fleure bon les années 80 et porté par deux belles voix et deux physiques, mais qui pourrait aussi être considéré comme trop populaire par des jurys dont on sait qu’ils adorent aller aux antipodes des goûts du public. Et puis il y a la France. Avant d’évoquer celle qui défendra nos couleurs à Kiev, citons aussi les deux OVNI qui pourraient créer la surprise : le titre langoureux et intemporel du Portugais Salvador Sobral et la chanson décalée mixant hip-hop et musiques gypso-ethniques du Hongrois Joci Pápai.
Alma, le charme français, les toits de Paris et une ritournelle qui se retient sont les atouts incontestables d’une chanson, « Requiem », qui plaît à tous, puisque les dix premiers jurys du réseau OGAE lui ont tous donné des points. Certes il y a encore des incertitudes puisque nous ne savons rien encore tant de la mise en scène et du visuel que de la capacité d’Alma à dompter la scène. Mais nous sommes en droit d’être optimistes.
Avec Alma, et après Amir, « La France est de retour », nous ont dit beaucoup d’Européens croisés à Londres et Amsterdam. Et ils en sont heureux, tant tous ceux qui gravitent dans le petit monde de l’Eurovision aimeraient, quarante ans après la dernière victoire française au concours, pouvoir enfin vivre un Eurovision dans « la belle et douce France ». Marie Myriam, qui fête le quarantième anniversaire de sa victoire à Londres, a elle aussi à cœur de voir une jeune et brillante artiste française soulever le trophée.