Nazim Khaled, le co-pilote d’Alma (France 2017) et d’Amir (France 2016)

Le nom de Nazim Khaled commence à être connu du petit monde de l’Eurovision. En effet Nazim a écrit et composé pour Alma « Requiem » après avoir réalisé « J’ai cherché » pour Amir. Faisons connaissance avec Nazim, jeune artiste très proche d’Alma et d’Amir.

Nazim Khaled est âgé de trente ans. Il est originaire de Saint-Etienne où il retourne souvent car il est très attaché à cette ville où il a grandi, mais aussi parce que c’est un fervent supporter de l’ASSE, le club de football stéphanois.
Chanteur, mais aussi guitariste et pianiste, il se fait connaître en 2011, sous le nom de Nazim Hitch, en participant à « Je veux signer chez AZ », un casting musical organisé sur le réseau social Facebook. Il ne gagne pas mais il se fait remarquer notamment pour ses talents d’écriture et de composition, et il intègre le label Mercury. La liste de ses collaborations comme auteur et/ou compositeur est impressionnante. On citera notamment (pardon Nazim mais il y en a tant) Kendji  Girac (sur ses deux albums, il a participé à l’écriture et la composition de, entre autres, « Andalouse » et « C’est trop »), Yannick Noah, ou Claudio Capéo.
On n’oublie pas évidemment sa participation à l’album d’Amir « Au cœur de moi » dont il a co-écrit et co-composé pratiquement tous les titres dont « J’ai cherché ». Il était d’ailleurs présent à Stockholm pour le concours 2016. Sa relation avec Amir qui a débuté en 2014 est plus que professionnelle et une grande amitié est née avec celui qu’il appelle son frérot. Quand ils ont commencé à travailler ensemble il n’y avait pas de maison de disques derrière et cet album a mis un an à se faire. Plus d’une année de travail mais aussi de bons moments immortalisés bien souvent par des selfies publiés sur leur page Facebook respective et qui s’est terminée en apothéose avec l’Eurovision et le grand succès populaire de l’album.
Mais Nazim reste avant tout un chanteur. Et quand il lui reste du temps il compose et il écrit aussi pour lui. Il a réalisé notamment un single « Les cités » en 2013. Il a fait aussi les premières parties des concerts de Yannick Noah et Claudio Capéo bien sûr, mais aussi de Ben l’Oncle Soul, Goran Bregović et Cali.
Il collabore avec Alma depuis plusieurs années et la chanson « Requiem » a été composée en octobre 2014, une période où ils ont commencé à travailler ensemble. Il s’est d’ailleurs déclaré très ému lors la signature d’Alma chez Warner Music en avril 2015. Il a écrit et co-composé le premier single d’Alma « La chute est lente », un très joli titre sorti en juin 2016.

Image à la une : Nazim & Amir à Stockholm (Mai 2016) © Farouk Vallette

L’interview d’Alma (France 2017)

Bonjour Alma.
Peux-tu te présenter, nous dire qui tu es, où tu as grandi et quand tu as commencé à chanter ?
Je m’appelle Alma, j’ai 28 ans et j’ai grandi entre la France et les Etats-Unis. Ensuite j’ai voyagé au Brésil pour mes études, pendant un an à Sao Polo, puis j’ai travaillé un an à Milan, et ensuite un an à Bruxelles, et je suis revenue vivre à Paris il y a quatre ans pour me lancer dans la musique.
J’ai commencé à chanter jeune, car depuis toute petite j’aime ça, mais je ne me disais pas que j’en ferais mon métier. D’ailleurs ma famille n’est pas du tout dans la musique. Donc je ne savais pas trop comment accéder à ce métier. Et finalement j’ai tout lâché il y a bientôt cinq ans et je me suis inscrite dans une école de chant dans un cursus d’auteur-compositeur, à Paris. Et à partir de là je me suis dit : « On y va ! ». J’ai rencontré des gens qui m’ont ouvert des portes, et qui m’ont amenée là où je suis aujourd’hui.
Tu faisais quel type d’études ?
Des études de commerce.
Quelles sont tes influences musicales et comment définirais-tu le style et l’univers d’Alma ?
J’ai beaucoup d’influences musicales, mais ce qui m’inspire quand j’écris c’est ce qui se passe dans ma vie, et les moments que je vis. Après j’aime beaucoup la variété française. J’aime beaucoup Michel Berger, Véronique Sanson, France Gall, par exemple. Et grâce à mes voyages et à mes rencontres j’essaye de mélanger la variété française avec des influences un peu plus pop des Etats-Unis, ou un peu orientales grâce à ma rencontre avec Nazim. C’est très intéressant de mélanger les genres. C’est de quoi les gens se nourrissent finalement.
Tu chantes seulement en français, ou en anglais, ou dans d’autres langues ?
Pour l’instant je ne chante qu’en français, mais j’ai commencé la chanson en écrivant des chansons en anglais.
A l’ère de l’internet dominant, de youtube et des réseaux sociaux, comment une jeune chanteuse peut arriver à percer ?
Evidemment il faut avoir l’envie, le talent et la détermination. C’est un travail de longue haleine pour arriver à se faire connaître. Mais c’est aussi un peu aléatoire. Et il faut arriver à durer. On peut faire un buzz sur internet. C’est super, il y a 1 million de vues. Et puis il ne se passe pas grand-chose de plus après. Mais je crois qu’il faut voir aussi internet comme un outil. Ça permet de rencontrer les gens, de leur parler, d’échanger. On te donne des idées. On te fait des suggestions.  Ça crée un mini mais aussi un vrai public. Et ça peut être un très bon moyen de se lancer dans la chanson. Au final il n’y a pas de chemin tout tracé dans ce métier.
Quelles sont les rencontres qui ont été importantes pour toi dans ton parcours et qui t’ont fait évoluer?
La première rencontre qui est très importante est celle d’Edoardo Grassi. Il y a deux ou trois ans il m’a contacté pour faire une émission de télé qui s’appelait « Les chansons d’abord ». C’est grâce à ça que j’ai rencontré Nazim sur ce plateau de télé, et avec qui j’ai fait tout l’album et qui a écrit la chanson « Requiem ». Ensuite c’est lui qui m’a ouvert les portes de ce milieu. Il m’a amené chez Warner où j’ai rencontré Benjamin Marciano et j’ai fait mon contrat avec eux. Ce sont les deux personnes qui m’ont mis le pied à l’étrier.
Le premier album est annoncé. Il sortira quand ? Avec qui as-tu collaboré sur cet album ?
L’album doit sortir le 5 mai. J’ai collaboré avec Nazim sur presque toutes les chansons mais j’ai aussi collaboré avec un monsieur qui s’appelle David Gategno (NDLR : alias David Marouani, connu pour être l’un des deux membres du duo David & Jonathan, qui a eu beaucoup de succès dans la seconde moitié des années 80) qui a écrit une superbe chanson « Après l’aurore ». J’ai collaboré aussi avec Pierre Jaconelli qui a écrit pour Johnny Hallyday (NDLR : C’est un guitariste, compositeur, réalisateur et producteur musical français qui a travaillé avec tous les grands noms de la chanson française dont Patricia Kaas), avec Renaud Rebillaud qui a travaillé avec Maître Gims (NDLR : Renaud Rebillaud a co-écrit pratiquement tous les titres des deux albums de Maître Gims). Il y a vraiment un melting pot de gens qui ont su m’entourer et qui ont su comprendre mon univers. Du coup ça donne un album très varié et chaque chanson est un mini-univers au sein d’un univers plus grand.
Quel est ton rapport à la scène et au live ?
J’adore ça. C’est un moment magique. Les premières parties d’Amir ont été une découverte pour moi parce que les scènes que j’avais faites avant étaient des petites scènes et parfois même des bars où tout n’était pas très bien organisé. Et là d’avoir des techniciens, pour le son, pour la réverb, ou pour les lumières, c’est un luxe pas possible. Et j’ai découvert le plaisir de chanter pour beaucoup de gens, c’était et c’est toujours vraiment bien.
Parlons de « Requiem ». Le single est sorti le 13 janvier 2016 aux éditions Bukowski Publishing. Il a été écrit et composé par Nazim Khaled et mixé par We Are I.V. Le clip vidéo est en ligne depuis le 9 février.
Quand as-tu su que tu allais représenter la France à l’Eurovision avec ce titre ?
Je l’ai su début décembre quand France Télévision m’a appelé pour m’annoncer la bonne nouvelle.
Il a été écrit par Nazim Khaled qui a aussi écrit « J’ai cherché ». Comment s’est passée ta rencontre avec Nazim et comment avez-vous travaillé ensemble sur ce titre ? Continuez-vous à collaborer ?
Ma rencontre avec Nazim c’était il y a trois ans. Je n’ai pas participé à l’écriture du titre. C’est Nazim qui l’a écrit. Je me souviens, il m’avait envoyé un texto pour me dire « J’écris une chanson pour toi. J’hésite même à la garder pour moi, tellement je l’aime ». Le lendemain on s’est vu. Il m’a fait la chanson en guitare-voix, et j’ai trouvé ça magnifique et évidemment je la lui ai prise car je la voulais. Et ensuite on a travaillé avec les Skydancers. On a fini la chanson y’a un an je pense.
Quel est le message ou l’histoire que porte « Requiem » ?
Pour moi c’est une ode à la vie. On est tous mortel et la vie passe vite, alors il faut profiter de chaque seconde, chaque instant. Tout va très vite et il y a trop de noirceur dans le monde, alors il faut qu’on trouve de la force en soi. Et moi ce que j’ai trouvé pour ne pas se laisser envahir par ça, c’est l’amour. Il faut aimer les gens, sa famille, et vivre des histoires d’amour.
L’accueil en France et surtout en Europe est bon voire très bon. La musicalité plait beaucoup notamment le côté un peu oriental de l’instrumental et le fait que ce titre soit dansant. Qu’est-ce que ça t’inspire ?
Je suis vraiment très touchée. Je ne m’attendais vraiment pas à ça. J’ai commencé à recevoir des messages de gens de Russie, d’Espagne, d’Italie, et même du Brésil ou de Colombie. C’est hallucinant la mobilisation qu’il y a derrière le clip et la chanson. Ça me rend vraiment très heureuse et ça me conforte dans la détermination que j’ai d’aller faire cette compétition avec cette chanson. Ça me donne des ailes.
Le titre devrait être retravaillé et remixé pour le concours. Quelles sont les modifications qui vont y être apportées par rapport à la version single qu’on entend actuellement en radio ?
On est en train de travailler sur la production, sur la réalisation du titre. Ça veut dire que ça ne sera pas complètement différent. Le titre devrait être un peu plus épique, plus Eurovision, disons plus grandiose. Et on pense à mettre une partie du refrain en anglais afin de toucher le plus grand nombre de spectateurs, afin qu’ils comprennent et qu’ils puissent identifier la chanson.
L’Eurovision c’est une aventure de trois mois non-stop avec beaucoup de pression médiatique, des interviews, des photos, des vidéos mais aussi beaucoup de contacts (autographes selfies et photos) avec le public, les eurofans et les supporters de la France, comment est-ce que tu te prépares à ce tourbillon médiatique ?
Comme ça ! J’apprends sur le vif. C’est vrai je n’ai pas beaucoup d’expérience encore, mais ça fait à peine dix jours que l’annonce a été faite. Je commence les interviews. Les gens commencent à me demander des petites photos. Il faut s’habituer et puis c’est un plaisir, un partage de petits moments qui sont très agréables. C’est aussi pour ça qu’on fait ce métier. C’est pour rencontrer les gens. On chante une chanson, on a trois minutes pour faire passer un message et les gens te jugent là-dessus et se font une idée de toi comme ça. Moi j’aime bien aussi expliquer le pourquoi du titre, de quoi ça parle. C’est intéressant de pouvoir communiquer avec les gens autour de ta chanson.
Il y a une grosse promo en France. Iras-tu aussi faire de la promotion à l’étranger ?
On va aller à Londres (London Eurovision party, le 2 avril) et à Amsterdam (Eurovision in Concert, le 8 avril).
Le 6 mai prochain tu fouleras la scène pour la première fois. Ce sera la première répétition. C’est toujours un moment très fort pour les artistes que ce premier contact avec la scène. A quoi penseras-tu lorsque tu y feras tes premiers pas ?
Je ne penserai sans doute pas à grand-chose si ce n’est de vivre ce moment-là.
La prestation est un package où chaque détail compte. Les costumes, la mise en scène, le visuel, la chorégraphie, le jeu des chanteurs et des éventuels danseurs ou choristes. Peux-tu nous donner quelques infos sur ce que toi et ton équipe envisagez de faire ?
Malheureusement je n’ai pas beaucoup d’informations à vous donner parce qu’on étudie actuellement tous les cas de figure pour être vraiment à fond le jour J afin que rien ne soit laissé au hasard. On essaye un peu de voir comment mettre tout ça ensemble et faire un très beau tableau, le plus beau tableau possible qu’on puisse imaginer pour représenter la France dans ce concours.
Amir a réalisé un parcours fantastique l’an passé, nous apportant une magnifique 6ème place, meilleur résultat depuis 2002. Qu’est-ce que toi tu vises comme résultat au concours ?
Quand on s’engage dans un concours c’est pour viser la plus haute place. Mais ce n’est pas moi qui vote. Je ne veux pas paraître prétentieuse mais on va tout faire pour être classé le mieux possible.
Est-ce que Amir t’as conseillé et donné de petits trucs ?
Les conseils qu’il m’a donné au début c’est de profiter de chaque instant qu’apporte cette aventure parce que c’est unique. Cette aventure est d’une incroyable envergure internationale. Les gens ont une passion pour l’Eurovision, partout, et c’est magnifique de faire partie de cette famille. Il m’a dit aussi de débrancher les réseaux sociaux pour ne pas voir ce qui s’y passe. Ce sont de très bons conseils que j’essaye de suivre.
Quelle image as-tu de l’Eurovision ? Regardes-tu le concours ? As-tu des souvenirs particuliers de soirées Eurovision ?
Mon meilleur souvenir c’est l’année dernière. J’étais avec mes deux meilleures amies, à Enghien-les-Bains. On était devant notre télé et quand Amir est passé on était toutes les trois debout à scruter l’écran et à profiter de la moindre seconde de sa prestation. J’ai aussi vécu des Eurovisions, c’était en Belgique, et dans les rues les gens étaient déguisés et je trouve ça super. C’est comme une coupe du monde. C’est dommage qu’en France on ne le vive pas comme ça. En France on n’était pas toujours au courant que ça se passait. Je suis contente qu’Amir ait complètement changé la donne et j’espère réunir le plus de monde possible derrière ça, pour que l’Eurovision devienne un évènement national comme dans les autres pays d’Europe.
Est-ce qu’il y a des chansons ou des artistes du concours qui t’ont marqués ? Lesquels ?
Marie Myriam, il y a quarante ans maintenant.  Céline Dion. C’était en 88 je crois, mon année de naissance et c’est une de mes idoles. Il y a eu France Gall aussi.
Et Conchita Wurst tu l’as suivie ?
Bien sûr. C’était très beau ce qui s’est passé.
As-tu déjà écouté des chansons de concurrents de cette année ? Est-ce que tu comptes le faire ?
Oui je compte le faire. J’ai déjà entendu la chanson de l’Italie, mais aussi celle de la Finlande, « Blackbird », qui est très belle d’ailleurs. Je remarque qu’il y a déjà pas mal de ballades. Donc je suis très heureuse de ne pas arriver avec une ballade parce que c’est difficile de se démarquer quand on a le même style de chanson. Je trouve en tout cas que les chansons sont modernes.
Quel est ton principal atout pour la compétition et ta petite faiblesse ?
Mon principal atout c’est ma détermination à suivre les pas d’Amir. J’ai vraiment envie que ça soit comme l’année dernière, mais encore mieux préparé et avec encore plus d’effervescence pour ce projet. Il y a une vraie dynamique et, à nous tous, on peut réussir à faire comme Amir l’année dernière. Un bon résultat.
Ma petite faiblesse, je pense que ça pourrait être le stress du live, parce qu’Amir avait quand même une expérience avec « The Voice » que moi je n’ai pas. Mais je me prépare avec beaucoup de professionnels et je vais faire aussi beaucoup de promotion. Je préparerai ainsi ce live du mieux que je peux pour être prête le jour J.
Qu’est-ce qu’on peut te souhaiter ?
La chance. La force de faire tout ça le mieux possible. Et la plus belle place qu’on puisse rêver.

Interview réalisée par Farouk Vallette, le 16 février 2016.
Nous tenons à remercier chaleureusement Alma et Ludovic Hurel, pour ce moment de convivialité.

Image à la une : Alma,©Farouk.Vallette

Le numéro 74 est sorti

Sommaire :
pp.2-3 : L’édito du rédac chef
p.4 : Sommaire
p.5 : Le billet du Président
p.5 : Esma est partie
pp.6-13 : Eurovision 2017 : La route de Kiev est un parcours d’obstacles
pp.14-19 : Alma va à Kiev pour gagner
p.19 : Nazim Khaled, le parrain d’Alma
pp.20-21 : Amir termine 2016 en beauté
pp.22-23 : Paris, La Cigale, le 17 novembre 2016 : Un concert d’amour et de joie
pp.24-27 : ESCKAZ, Eurovision Knowledge from A to Z
p.27 : Les webs médias au coeur de l’évènement
pp.28-29 : Dana, Conchita et Verka enflamment le très paisible Luxembourg
pp.30-33 : La Playlist Vidéo du Coco
pp.34-35 : Le Top 10 ans

© Stijn Smulders